Les récits qui vont suivre ont été créés par les élèves… Cependant toute ressemblance avec des faits ou des personnages ayant réellement existé n’est pas fortuite ! Les liens hypertextes et les « Pages » contenant les articles documentaires vous seront précieux si vous souhaitez connaître la véritable histoire de Jean François Galaup de Lapérouse…

N’hésitez pas à laisser un commentaire à nos jeunes auteurs.

(Attention ! Cliquez sur « articles précédents » à la fin de la page pour accéder à l’ensemble des textes)

Bonne Lecture !

Le départ de M. Collignon

Collignon était un jeune jardinier du potager du Roi à Versailles.

Il a embarqué sur la Boussole pour l’expédition de M. de Lapérouse pendant quatre ans. « J’appréhende le départ, je laisse ma famille derrière moi, un simple au revoir ne changera rien. Mais je serai tellement occupé à entretenir les végétaux que le temps passera vite», dit-il dans son journal de bord.

Sa mission est d’entretenir toute sorte de végétation emportée pour faire des échanges avec les autochtones, mais aussi de soigner les plantes découvertes et de les ramener à Versailles pour enrichir le jardin du Roi Louis XVI. «Pour cela nous avons embarqué des graines, des arbustes stockés dans des caisses en bois et dans des serres portatives spécialement fabriquées pour l’expédition», raconte-t-il dans une lettre adressée à sa femme.

Malheureusement, M. Collignon, un des naufragés, ne rentrera jamais chez lui…

Lettre de M. de Lamanon à son épouse

L’Astrolabe, le 25 décembre 1786

Ma chère femme,

Je t’écris pour te dire combien tu me manques.
J’espère que tout va bien pour toi.
Ici à bord, les conditions de vie sont misérables : nous ne pouvons même pas nous retirer pour avoir un moment d’intimité dans nos minuscules « chambres » qui ne sont que de petites parcelles du bateau, séparées par de simples draps ; les lits ne sont que de vulgaires hamacs. La douche collective est aussi petite qu’une de nos chambres…

En plus, les traversées sont trop longues. Etant donné que nous étions beaucoup à nous en plaindre, M. de Lapérouse a cru que nous nous révoltions et nous a mis aux arrêts pendant un jour !

Mais bon, il me tarde quand même les repas qui sont moins copieux mais plus raffinés que ceux des marins. Nous mangeons des produis de mer frais, ma foi très bons, trois fois par jour, alors qu’eux mangent des légumes récoltés à la dernière escale deux fois par jour.
Je t’écrirai de nouveau dès que je le pourrais. Prends bien soin de toi .

A ma bien aimée, ton tendre Lamanon.

 

Lettre de M. Prévost à son frère Harry

9 décembre 1787

Très cher Harry,

Cette fois je t’écris pour te parler des îles Samoa où nous avons fait escale.

Cette étape restera dans ma mémoire comme la pire de tout le voyage. Nous avons rencontré un nouveau peuple d’indigènes auquel nous avons donné des chèvres, des brebis et des cochons. Mais aussi des plantes et des graines qu’ils ne connaissaient pas et à l’inverse j’ai pu découvrir de nouvelles plantes. Des plantes et des arbres très différents de ceux que l’on trouve ici, en France.

Cependant, nous n’avons rien eu en échange, pas même un remerciement. Au contraire, des centaines d’inconnus nous ont encerclés et, intrigués, nous ont dérobé mouchoirs et couvre-chefs. Mais le plus terrible c’est que lorsque nous sommes partis, nous avons été surpris par les pierres que nous ont jetés les habitants de l’île. T

Treize personnes de l’équipage ont été tuées, dont, à ma grande tristesse,Monsieur De Lamanon (minéralogiste, physicien et météorologiste) et notre cher Monsieur de L’Angle, capitaine de l’Astrolabe.

Je plains sa chère épouse.

Nous allons maintenant poursuivre ce voyage périlleux, je pense très fort à vous et je vous aime.

J’espère être de retour et ne pas subir le même sort que mes amis.

Votre frère bien aimé,

Victor.

Journal de bord de M. Bernizet : Le volcan

6 septembre 1787.

Aujourd’hui, j’ai vécu une journée forte en émotions!
L’abbé Mongez, Le Père Receveur et moi-même avons obtenu l’autorisation de monter sur le volcan de Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
Ce sera une première… Quelques Cosaques vont nous accompagner pour porter les outils nécessaires : thermomètre, baromètre ; tout est prêt pour une nouvelle expédition ! 

Dès le début, la montée s’avère difficile, glissante parfois car des roches volcaniques se détachent et se dérobent sous nos pieds. Plus nous montons, plus la pente est rude.

Nous manquons aussi peu à peu d’oxygène et la peur retient nos amis Russes, qui préfèrent rester assez loin du cratère.

Pour nous, l’envie et la fierté d’atteindre le sommet de ce volcan nous donnent la force de continuer.

A l’approche du cratère, une chaleur suffocante à forte odeur de soufre nous envahit, mais nous sommes tout de même parvenus à notre objectif final.

Tous très heureux, ensemble, main dans la main, nous avons planté un drapeau Français ! Quelle joie d’être les premiers Français à avoir gravi ce volcan !

Moi, monsieur Bernizet, simple géographe, je l’ai fait !

L’Île de Pâques

La Boussole, le 9 avril 1786
Mon cher ami M. Monge,

Vous êtes-vous bien remis de votre mal de mer? J’imagine que cela a dû être dur de quitter l’expédition au bout de trois semaines… Comme promis, je vous écris cette lettre pour vous raconter quelques moments de notre voyage.

Nous venons de quitter l’île de Pâques. Nous n’y avons passé qu’un peu de temps car les Indiens étaient assez turbulents, alors M. de Lapérouse a décidé de n’y passer qu’une dizaine d’heures.
En visitant l’île, j’ai dessiné une nouvelle végétation que je ne connaissais pas – je vous envoie quelques dessins que j’ai refaits pour vous. En continuant notre chemin vers le cœur de l’île, nous sommes tombés sur de grandes statues de pierre d’une hauteur de deux hommes au moins. Elles sont grossièrement sculptées (à la main) : les visages sont visibles et le reste du corps ressemble à un tronc.
Quand nous sommes retournés à la plage, un imprévu s’est produit : les Indiens, sûrement agacés par notre présence, se sont mis à nous lancer des pierres et à nous voler tous nos couvre-chefs. Nous sommes donc très vite partis.

Voilà notre périple sur cette île.
Je vous écrirai très bientôt d’autres lettres de notre voyage.
Cordialement,
M. Duché de Vancy.

Les drames du voyage : récit de M. de Boutin.

Arrivés aux îles Samoa, nous rejoignîmes les côtes à bord des canots, dont M. Fleuriot de Langle et moi-même étions les commandants.

Nous allâmes chercher de l’eau. A notre retour, les indigènes semblaient mécontents ; ils devinrent agressifs et menaçaient de nous attaquer. Pour leur faire peur, mais surtout pour ne pas les blesser, nous tirâmes un coup de fusil en l’air. Malheureusement, cela déclencha leur attaque.

Cette situation me ramena en Alaska, où je vécus mon premier drame. Dans un canot, je suivais les deux biscayennes qui allaient poser des sondes. Mais à cause d’une grosse barre de vagues et de courants provoqués par le reflux de la mer vers le large, les deux bateaux chavirèrent et je ne pus rien faire pour les aider. Tous périrent.

C’était le même sentiment de peur qui me prenait à présent devant les Samoans. J’étais blessé mais un peu moins que Le Père Receveur, ou que M.Colinet et M.Lavaux. Et je pus voir M. de Lamanon, M. Fleuriot de Langle et M.Talain se faire massacrer à coups de massues…

Nous essayions de partir mais les indigènes nous en empêchaient. Quand enfin nous pûmes remonter sur la Boussole, nous étions meurtris, blessés et privés de nombreux de nos camarades marins…

Journal de bord de François Mordelle, jeune mousse : le Cap Horn.

19 janvier 1786
Moi, François Mordelle, c’est la première fois que je vais passer le Cap Horn ! D’après ce que l’on m’a dit, ce passage est très périlleux…

La nuit du 19 au 20 janvier 1786
Je me suis réveillé en sursaut, j’ai fait un horrible cauchemar. J’ai rêvé de la traversée de ce cap. C’était une terrible tempête. J’étais en train de nettoyer le pont. Nous avons perdu de vue l’autre bateau. D’énormes vagues créaient un fort courant. Et on ne voyait pas à cinq pieds devant nous… Bon, je repars me coucher.

20 janvier au matin

Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit…
Ce matin, je me suis mis normalement au travail, mais je sens une certaine tension dans l’équipage. Le Capitaine nous informe que nous ne sommes plus très loin du Cap Horn. Je prie pour que tout se passe bien. Plus nous nous rapprochons du Cap, plus les nuages se dissipent. Petit à petit, la mer se calme, nous quittons le brouillard. La tension redescend ; on attend…j’attends… Puis simplement, le Capitaine annonce : « Nous avons traversé le Cap Horn. » Explosion de joie !

Rien de ce que j’avais entendu sur le Cap Horn ne s’est produit ! Merci seigneur de nous avoir accordé cette chance…

Le retour de M. de Lesseps à Versailles.

Après un périlleux voyage, Monsieur de Lesseps arriva à cheval à Versailles. Épuisé mais soulagé, il n’avait qu’une seule hâte : transmettre tous les documents de l’expédition au Roi Louis XVI. Après avoir franchi le protocole nécessaire, il parvint auprès du roi.

«Comment êtes-vous arrivé jusqu’ici ? demanda le roi.

-J’ai eu beaucoup de difficultés à cause des brigands et des loups, du froid et de la chaleur, et surtout des moyens de transports. Il me fallait m’adapter aux différents transports – charrette, traîneau, bateau… – et bien faire attention aux caisses de l’expédition. Mais malgré tout, beaucoup de personnes m’ont aidé.

-Vous êtes peut-être le seul survivant car depuis deux mois, nous n’avons plus de nouvelles de l’expédition. Pouvez-vous me dire ce que vous avez rapporté?

-Dans ces coffres, il y a les lettres des marins, le journal de bord de monsieur de Lapérouse, les dessins de nouvelles plantes et de nouvelles espèces d’animaux et la carte du monde complétée… Mais, je suis déçu d’être parti de l’expédition. »

Le Roi organisa une cérémonie pour récompenser le courage de M. de Lesseps.

Extrait du journal de bord de M. Mordelle (jeune mousse)

• 22 février 1786

Nous arrivons ! Enfin une escale : la quatrième de ce long voyage, Conception au Chili. C’est notre premier arrêt depuis quatre mois et demi, depuis l’île de Sainte Catherine. Les deux frégates ont traversé le Cap Horn sans difficulté grâce au beau temps et la mer paisible.

A notre arrivée, je fus émerveillé par la beauté de la plage. Le sable chaud glissait sous mes pieds. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas touché terre ! De plus, nous avons été accueillis par les cris de joie de la population Chilienne.

• 29 février 1786 : début d’après-midi


Je suis toujours aussi fasciné par les coutumes et la culture de ce pays, les hommes sont très accueillants et généreux tandis que les femmes portent des jupes courtes. Cela me surprend car en France, les femmes sont vêtues de jupes longues. J’aimerais rester ici aussi longtemps que possible. Malheureusement, aujourd’hui nous ne pouvons pas profiter de cette journée, le bateau doit être lavé et tout l’équipage doit participer.
C’est la première fois que je lave un bateau aussi grand, et le temps me paraît très long. J’ai un peu de temps pour noter ceci dans mon journal, mais à présent, le travail m’appelle. Je ne pensais pas qu’être un simple mousse impliquait autant de tâches.

• Soirée

Je suis épuisé, mais j’ai toujours la force d’écrire.
Désormais, le navire brille et je suis allongé sur le sable, admirant le superbe coucher de soleil. C’est magnifique !

• 21 mars 1786


Demain nous partons, nous avons donc organisé une fête où cinq cent personnes étaient conviées. Après un copieux repas, un bal fut donné et les Chiliennes nous ont invités à danser. La femme avec laquelle j’ai dansé était très belle : cheveux ondulés couleur ébène, yeux verts, peau mate, bouche pulpeuse et de jolies formes. Nous avons dansé durant plusieurs heures.

• 22 mars 1786


C’est aujourd’hui, malheureusement, que nous quittons ce pays fantastique. Nous allons monter à bord, la tête chargée de beaux souvenirs …
C’est mon premier voyage et, depuis le début, je suis toujours aussi émerveillé par ce que je découvre.