L’Île de Pâques

La Boussole, le 9 avril 1786
Mon cher ami M. Monge,

Vous êtes-vous bien remis de votre mal de mer? J’imagine que cela a dû être dur de quitter l’expédition au bout de trois semaines… Comme promis, je vous écris cette lettre pour vous raconter quelques moments de notre voyage.

Nous venons de quitter l’île de Pâques. Nous n’y avons passé qu’un peu de temps car les Indiens étaient assez turbulents, alors M. de Lapérouse a décidé de n’y passer qu’une dizaine d’heures.
En visitant l’île, j’ai dessiné une nouvelle végétation que je ne connaissais pas – je vous envoie quelques dessins que j’ai refaits pour vous. En continuant notre chemin vers le cœur de l’île, nous sommes tombés sur de grandes statues de pierre d’une hauteur de deux hommes au moins. Elles sont grossièrement sculptées (à la main) : les visages sont visibles et le reste du corps ressemble à un tronc.
Quand nous sommes retournés à la plage, un imprévu s’est produit : les Indiens, sûrement agacés par notre présence, se sont mis à nous lancer des pierres et à nous voler tous nos couvre-chefs. Nous sommes donc très vite partis.

Voilà notre périple sur cette île.
Je vous écrirai très bientôt d’autres lettres de notre voyage.
Cordialement,
M. Duché de Vancy.

Extrait du journal de bord de M. Mordelle (jeune mousse)

• 22 février 1786

Nous arrivons ! Enfin une escale : la quatrième de ce long voyage, Conception au Chili. C’est notre premier arrêt depuis quatre mois et demi, depuis l’île de Sainte Catherine. Les deux frégates ont traversé le Cap Horn sans difficulté grâce au beau temps et la mer paisible.

A notre arrivée, je fus émerveillé par la beauté de la plage. Le sable chaud glissait sous mes pieds. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas touché terre ! De plus, nous avons été accueillis par les cris de joie de la population Chilienne.

• 29 février 1786 : début d’après-midi


Je suis toujours aussi fasciné par les coutumes et la culture de ce pays, les hommes sont très accueillants et généreux tandis que les femmes portent des jupes courtes. Cela me surprend car en France, les femmes sont vêtues de jupes longues. J’aimerais rester ici aussi longtemps que possible. Malheureusement, aujourd’hui nous ne pouvons pas profiter de cette journée, le bateau doit être lavé et tout l’équipage doit participer.
C’est la première fois que je lave un bateau aussi grand, et le temps me paraît très long. J’ai un peu de temps pour noter ceci dans mon journal, mais à présent, le travail m’appelle. Je ne pensais pas qu’être un simple mousse impliquait autant de tâches.

• Soirée

Je suis épuisé, mais j’ai toujours la force d’écrire.
Désormais, le navire brille et je suis allongé sur le sable, admirant le superbe coucher de soleil. C’est magnifique !

• 21 mars 1786


Demain nous partons, nous avons donc organisé une fête où cinq cent personnes étaient conviées. Après un copieux repas, un bal fut donné et les Chiliennes nous ont invités à danser. La femme avec laquelle j’ai dansé était très belle : cheveux ondulés couleur ébène, yeux verts, peau mate, bouche pulpeuse et de jolies formes. Nous avons dansé durant plusieurs heures.

• 22 mars 1786


C’est aujourd’hui, malheureusement, que nous quittons ce pays fantastique. Nous allons monter à bord, la tête chargée de beaux souvenirs …
C’est mon premier voyage et, depuis le début, je suis toujours aussi émerveillé par ce que je découvre.

Récit de M. Monneron

 Botany Bay

Nous arrîvames à Botany Bay le 26 janvier 1788 et nous débarquâmes sur une plaine d’où nous pouvions voir une grande partie de l’île . Devant nous s’étendaient une terre rocailleuse vers la mer et des forêts denses dans les terres et des déserts au sol rouge.
Les scientifiques, quelques matelots et Lapérouse partirent explorer l’île. Pendant ce temps je restais sur le bateau pour tracer des cartes, notais la longitude et la latitude puis j’écrivais la superficie de cette terre. Après avoir fait ces étapes je dessinai l’île sur la carte avec l’Astrolable, la Boussole et un compas puis peignis à l’aquarelle les reliefs de l’île.
J’aimais bien ces moments de calme, mais j’étais un peu anxieux de ne pas être parti avec eux . Dès que j’eus fini mes dessins je décidai de sortir en expédition sur l’île. Je découvris une végétation luxuriante et somptueuse. Mais j’étais pris par le temps et je dus rentrer au bateau. Je racontai alors aux botanistes les plantes magnifiques que j’avais découvertes.
Nous partîmes quelques mois plus tard plus sûrs de nous que jamais vers Vanikoro.

Récit de M. Collignon, jardinier du Roi

Mr Collignon, jardinier du Roi à Versailles a eu du mal à s’adapter à la vie à bord : les repas ne sont pas aussi copieux que ceux des matelots, les couchettes sur les frégates, ne sont pas larges et ne sont séparées que par des toiles. Les soirs sont rudes et les matins difficiles tout au contraire des journées, calmes et agréables. Il fallut plus de trois mois pour traverser le Pacifique et rejoindre Macao. Arrivés à Macao, les scientifiques demandèrent à descendre.
Mr Collignon fit partie de l’expédition et alla échanger des plantes amenées de France contre des bonzaïs, du thé et du riz à un marchand de la ville. Cette escale lui permit d’observer la végétation de Macao, les conditions de germination, le climat …
Il fut émerveillé par la richesse et la beauté de cette ville.
L’escale terminée, l’ensemble de l’équipage regagna les vaisseaux. A bord de la Boussole, le jardinier prit grand soin des plantes échangées. Le soir tomba et après un repas (peu alléchant), les membres du navire allèrent se reposer car la journée du lendemain risquait d‘être difficile.